"Il n'y a rien comme le sourire du fusillé pour laisser un doute profond dans l'esprit du peloton d'exécution."

"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles."

"Il y a des choses dans le monde qui ne sont pas inventées sans pour autant être absolument vraies."

"La vérité a ce défaut : elle est toujours plus plate que le mystère."

"Nos dirigeant.e.s ont tendance à refuser de poser des gestes pour aider des personnes en difficulté parce que cela risque de dévoiler au grand jour une situation qu'il est plus pratique de ne pas voir : le fait que nous ne sommes pas aussi impuissant.e.s que nous le pensons, collectivement, et qu'il s'agirait de faire preuve de volonté politique pour que de réels changements commencent à avoir lieu."

"Ne pas suivre la parade a ses avantages : on voit mieux le défilé lorsqu'on n'est pas dedans."

"Le secret me paraît la seule façon de nous rendre la vie moderne mystérieuse ou merveilleuse. La chose la plus commune peut devenir délicieuse, il suffit de la dissimuler."

"L'hypocrisie est le lubrifiant qui permet à la société de fonctionner de manière agréable [...]."

"[...] qui cuisine des brindilles sert de la fumée."

"Il est absurde de parler de l'ignorance de la jeunesse. Les opinions auxquelles j'accorde un tant soit peu de crédit aujourd'hui sont celles de personnes beaucoup plus jeune que moi. Elles semblent me précéder. La vie leur a révélé sa plus récente merveille."

"Toute chose commence par la fin d'une autre."

"L'humain libre n'est pas celui qui rêve d'un monde calme, fixe, sans obligation, où seule sa volonté dirige et détermine. Ce monde-là n'est que chimère et irréelle représentation de notre univers. L'humain libre est plutôt celui qui, à partir des contraintes, se fait joueur et dessine les grands traits de sa vie. Il sait très bien qu'un monde l'englobe et le dépasse."

"Le cynisme n'est rien d'autre que l'art de voir les choses comme elles sont plutôt que comme elles devraient être."

"La chose la plus miséricordieuse en ce bas monde est bien, je crois, l'incapacité de l'esprit humain à mettre en relation tout ce qu'il contient. Nous habitons un paisible îlot d'ignorance cerné par de noirs océans d'infini, sur lesquels nous ne sommes pas appelés à voguer bien loin. "

"Les histoires naissent ainsi, quand de petits mystères rencontrent des heures sombres."

"Le temps n'existe que pour les mortels. Seuls ceux qui voient inexorablement en chaque jour un pas de plus vers leur propre mort comptent les heures, dénombrent les jours. L'univers, lui, est éternel, en dehors du temps."

"De vieilles taches pareilles à du café ont séché, ne laissant plus qu'un contour imprécis et un centre pâli. Quelle raison y a-t-il à cela, elle l'ignore, peut-être pour la même raison que les flaques de marée déposent le sel en cercles concentriques. Peut-être que toute chose est en quête de ses limites et fuit son centre pour mourir ainsi."

"Le deuil est [...] un vêtement troué qu'on ne peut recoudre ni abandonner."

"Ce n'est pas très cohérent d'essayer d'étrangler un mort, mais on ne peut pas être désespéré et raisonnable en même temps."

"Quand vous y pensez, les histoires sont autant de gouttes de pluie qui tombent dans une mare. Chacune vient d'un nuage différent et, une fois qu'elles se rencontrent, plus moyen de les distinguer."

"Il ne faut pas confondre le descriptif et le normatif : la science, qui nous dit comment les choses sont, et l'éthique, qui nous dit comment elles devraient être. La littérature et la fiction ne fonctionnent cependant ni tout à fait comme la science ni tout à fait comme l'éthique. Certes, elles nous disent à leur manière ce qui est, mais elles ouvrent aussi notre horizon sur ce qui pourrait être."

"C'est pas parce qu'on a coulé un bateau qu'on est mauvais marin."

"Le bon sens est une maladie contagieuse que l'on serait bien en peine de s'inoculer tout seul."

"Sexualité, beauté et pouvoir : la triade du danger chez une femme."

"Lorsque nos actions causent du tort aux autres, elles entrent néces-sairement dans le domaine de l'éthique et du politique – il n'y a aucune sphère privée dans laquelle nous pouvons exercer une tyrannie sur autrui et causer des torts irréparables à la collectivité, à l'environnement et aux générations futures, et nous prétendre à l'abri des critiques morales et des revendications de la justice.."

"Les adultes soumis au monde ne savent que faire des enfants rebelles."

"La vie n'est que douleur. Tous ceux qui te disent le contraire ont quelque chose à vendre."

"La vérité ne peut être atteinte qu'en rassemblant une grande variété d'erreurs."

"Ne vous y trompez pas, ceux qui écrivent d'énormes livres n'ont rien à dire. Bien sûr, ceux qui écrivent des livres courts ont encore moins de choses à dire."

"À quoi ça sert de vivre des choses qui ne laissent aucune trace, d'être blessé sans le plaisir d'une cicatrice?"

"Elle savait d'expérience que les étoiles sont froides. Elles avaient jadis été des soleils, mais au moment où leur lumière rejoignait la terre, leurs flammes s'étaient éteintes. Elles étaient froides comme la glace. [...] Elles vous faisaient sentir seule quand vous leviez les yeux vers elles. Elles vous rappelaient que l'Univers était immense, et que tout ce qui vous arrivait était sans importance."

"[...] les mots peuvent avoir une puissance bien supérieure aux coups. Dans certains cas, ils peuvent être fatals. Et même immortels, pour les rares élus."

"Un homme doit apprendre à regarder avant qu'il puisse espérer voir, [...]."

"Où habiter sinon dans le rappel de moments fous et la possibilité qu'ils se reproduisent?"

"[...] la véritable amitié ne peut être basée sur la pitié ni sur le désir qu'on a d'empêcher quelqu'un de se noyer."

"Aucune fondation n'est solide quand le sang se mêle au ciment."

"Le moment où l'on a peur est la seule occasion où l'on puisse se montrer brave [...]."

"[...] saviez-vous que l'ensemble de la production mondiale de fraises fournit à peine deux pour cent de tout ce qui est vendu comme ayant cette saveur? Il est donc très peu probable que ce que les gens considèrent comme un "goût de fraises" en soit vraiment un. Rien n'est très vrai dans la vie."

"Que serait la plus belle des dentelles sans ses ajours? Je vous le demande. Et la mémoire, dites donc, sans ce qui lui manque?"

"Si vous voulez savourer le goût sucré du fruit, il faut arroser l'arbre."

"On ne ressent pas le besoin de ce dont on a toujours ignoré l'absence."

"Un endroit de même, c'est pareil qu'un livre perdu dans une bibliothèque. C'est jamais en le cherchant qu'on tombe dessus."

"C'est [...] une qualité terrible que les dictateurs et les artistes sont les seuls à avoir, ce désir de remodeler le monde à leur gré [...]."

"Un livre peut être aussi dangereux qu'une épée, placé entre de bonnes mains [...]."

"[...] la vie des êtres de fiction nous touchera toujours plus que celle des êtres vivants que nous côtoyons au quotidien."

"[...] quand vous vous fixez un objectif très élevé, même votre échec dépassera de loin les plus grands succès des autres."

"La mort laisse derrière elle un curieux amas d'objets pêle-mêle, l'absurde des choses qui ont survécu et dont la somme n'expliquera jamais le vivant."

"[...] on n'a conscience d'avoir un cœur qu'au moment où il s'arrête."

"[...] la vie ne prend un sens que quand on commence à la raconter."

"Et quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure manière d'aller de l'avant."

"[...] les pires choses qui puissent nous advenir sont l'occasion d'une initiation, car elles nous plongent dans un lieu qui nous est propre, et dont nous devons apprendre à ressortir."

"Le drame d'un couple, ce n'est pas l'infidélité ni la trahison. C'est sa lente descente au quotidien, dans un gouffre duquel malgré toutes ses bonnes intentions, il ne pourra jamais s'extirper."

"Si un livre vous a dit quelque chose quand vous aviez quinze ans, il vous le redira à nouveau quand vous aurez cinquante ans, évidemment, vous serez susceptible de le comprendre tellement différemment que vous aurez l'impression de découvrir un livre complètement nouveau."

"[...] au moment où Sapiens et Néandertal sont concurrents pour le contrôle des ressources, c'est la capacité du premier à imaginer des histoires nouvelles, et surtout à les transmettre, qui lui permettra de coordonner des groupes de plus de 150 individus dans une action collective concertée. C'est en le narrant que Sapiens a construit le monde qu'il voulait voir survenir."

"[...] le vrai cadeau d'une mère à ses enfants, c'est la liberté."

"Pour les poètes, rien ne se perd, car même si cela arrive, on peut toujours écrire sur ce qui est perdu."

"L'art est une langue inventée pour que tout le monde se comprenne."

"Personne ne peut commenter l'absolu de l'autre, sinon en invoquant un mode d'emploi bourré de lieux communs. Vous me voyez, mais en réalité, vous ne pouvez que me supposer. Vous me créer de toute pièce parce que je suis un matériau qui offre de l'intérêt."

"Le problème avec l'avenir [...], c'est qu'il advient que l'on soit là ou pas."

"Le féminisme est une révolution [...]. Il ne s'agit pas d'opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l'air."

"Les mots c'est comme du maquillage : ça cache ça colore ça transforme tout."

"[...] you can't mourn something you've lost without celebrating the rarity of its presence in your life."

"Récemment, un best-seller mondial a prétendu qu'il y avait des vampires gentils et innocents. Les gens ne sont jamais aussi contents, désormais, que quand on leur affirme que le mal n'existe pas."

"L'évolution technologique aura-t-elle servi à mettre un écran entre nos crimes collectifs et notre conscience?"

"Les albums de famille racontent peut-être moins les événements heureux que la façon dont les gens se sabotent, comment l'horizon se resserre et les choix se raréfient, jusqu'à ce qu'on ait l'impression qu'ils sont tous derrière nous."

"And if you are lucky enough to feel sad, well, savor it while it lasts – if only because it means that you care about something in this world enough to let it under your skin."

"L'art d'être parent repose souvent dans cet équilibre fragile : exposer l'enfant au monde dans lequel il vit et l'aider à y résister."

"On peut apprendre à une vipère à vous manger dans la main sans pour autant lui enlevé le goût de mordre."

"Je suis toujours étonnée de croiser ceux qui ne marche que sur les grands boulevards, [...]. Tout le monde sait pourtant que pour connaître une ville il faut en arpenter les ruelles."

"Où que l'on aille, la guerre n'est jamais loin."

"[...] même le meilleur des fers devient cassant à force d'avoir été trop battu."

"Le sens de la vie ne réside pas dans la durée, mais dans l'intensité."

"Ce monde [...], même s'il est ancien, reste toujours nouveau."

"La vraie pauvreté, c'est l'absence de sortie de secours."

"Rien n'est plus important [...] que la surprise que nous assène le réel, que la capacité du monde à renverser nos croyances, à contredire nos attentes."

"Aimer. Un verbe impossible à conjuguer autrement qu'à l'imparfait."

"Il n'y a rien de tel que de dégueuler ensemble pour faire de vieilles amies."

"Il ne faut pas se tenir derrière une vache qui éternue."

"Il n'y a jamais eu d'esclave qui n'a pas choisi de l'être. Ils peuvent n'avoir le choix qu'entre la captivité ou la mort, mais le choix existe toujours."

"Les gens ne veulent pas toujours vraiment ce qu'ils désirent."

"C'est facile de s'orienter lorsqu'il n'y a qu'une direction : au loin."

"Il est un moment où il ne faut pas reculer devant la porte du désespoir, si l'on veut poursuivre sa route."

"Si Juliette avait été témoin de l'évolution du romantisme, parions qu'elle n'aurait pas bu une potion pour simuler sa mort dans l'espoir de s'enfuir au bras de Roméo, mais bien pour crever au plus sacrant."

"Vient un âge, dans la vie d'un homme, où la solitude véritable est illusoire, où même l'ermitage le plus enfoui sous la terre, à l'abri du regard humain, est peuplé des fantômes du temps passé qui vous ramènent à la mémoire vos errements et vos douleurs d'autrefois."

"L'espoir est une arme, le plus souvent employée contre soi-même..."

"Toutes les religions sont faites pour nous faire taire. Toutes les prières sont faites pour nous empêcher de penser."

"Peut-être toute science n'est-elle simplement que recherches sur soi-même."

"Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon."

"La liberté, disait-il, se trouve à l'horizon. Il faut aller à sa rencontre."

"Les hommes n'ont pas besoin de vérité, ils ont besoin de légendes."

"Une photo est un souvenir d'un  instant déjà passé."

"[...] dans un monde voué à sa perte, mieux valait transmettre à la postérité quelque chose de durable."

"[...] le paysage appartient à celui qui le contemple."

"Quel que soit l'âge auquel on apprend la mort de ses parents, ce jour-là tue l'enfant."

"Nous consacrons toutes notre énergie à sacraliser nos obsessions, nos objectifs, nos projets – puis la mort et quelques années seulement suffisent pour en faire éclater au grand jour la fatale absence d'importance."

"Ce qu'on ne dit pas devient un secret, et les secrets engendrent souvent la honte, la peur et les mythes."

"Le rouleau de papier de toilette n'est pas un distributeur de foulards jetables."

"Life was never lived by not doing things."

"Je n'aurais jamais pensé que l'enfer pût être une chose aussi simple qu'une horloge sans aiguilles."

"L'amour qui brise, ça éclate toujours avec fracas."

"Je pense que mentir, c'est simplement une manière de dire la vérité de façon métaphorique."

"Les herbes, comme les personnes, ne sont ni bonnes qui mauvaises [...]. Elles nous sont connues ou inconnues, c'est tout."

"La vérité est simplement le nom donné à ce qu’on cherche et qui se dérobe sans cesse."

"Le temps, comme un accordéon, prend des accents lancinants et mélancoliques en s'allongeant. C'est ainsi que les événements passés peuvent paraître tragiquement lointains."

"Il n’est pas moins ardu d’écrire des phrases dans un livre de recettes, que des phrases dans Moby Dick. Alors autant écrire Moby Dick."

"La nuit, il suffit de tendre l'oreille au murmure des étoiles pour sentir le cours de l'éternité."

"Il n'y a rien qui puisse te décharger de toi-même. Tu te porteras comme un fardeau tout au long de ta vie [...]."

"Tout le monde aime les étoiles. Tout le monde rêve de saisir ce qui existe hors de sa portée."

"Les choses précieuses sont souvent les plus fragiles."

"Je ne veux pas que l'on sache sur moi des choses que je ne sais pas."

"Aucune histoire ne s'achève vraiment tant qu'elle continue à être racontée."

"Tous les modes d'emploi sous-entendent que les enfants cherchent instinctivement à se tuer en avalant tout ce qui leur tombe sous la main."

"L'envie de partir est certainement le symptôme le plus commun du malheur."

"Tout homme est dans une cage qu’il a lui-même fabriquée."

C’est ça le beau de l’affaire avec la fréquentation des grands auteurs : peu importe la manière dont tu mènes ta barque, tu peux être sûr qu’un génie a déjà décrété qu’il s’agissait de la seule bonne manière de mener une barque.

"J'aime mieux une couronne qu'une bouchée de pain. Et la couronne tombe quand on se penche pour ramasser une bouchée de pain."

"Au fond, tout ce qu’il importe de savoir chaque matin qui nous trouve encore vivants, c’est si nous serons prêts une nouvelle fois à mener des combats que nous savons perdus d’avance."

"À cette époque, un géomètre marquait la terre mais scrutait le ciel. Les frontières idéales se matérialiseraient à partir des étoiles dont l'apparente fixité était encore l'aune de l'absolu pour les hommes. Pierre Claes, par de savants calculs, abaisserait sur Terre les étoiles, au sol, et de leur majesté ne resterait que le tracé invisible d'un pouvoir arbitraire : là passerait la frontière. Claes réduirait l'infini en politique."

"Même si tout le monde a l’air d’accord pour trouver que ça n’a pas de maudite allure où le monde s’en va, attends-toi à te faire regarder de travers si tu fais mine de ne pas vouloir y aller toi aussi."

"Pour pasticher un titre bien connu, le cynisme est un humanisme, non pas parce que le cynique s’attend toujours au pire, mais plutôt parce qu’il tâche de ne pas nommer le prévisible « le pire »."

"Il n’y a pas assez de place sur la terre pour quitter qui que ce soit [...]."

"Quand on meurt, l’important est d’avoir quelqu’un à qui donner la main. Comme lorsqu’enfant, on trouve celle d’un parent pour traverser la rue."

"Le monde ne manque pas de défauts pour qui cherche des raisons de ne pas l’aimer."

"Une poignée de terre forestière contient plus d’organismes vivants qu’il y a d’êtres humains sur Terre."

"La poésie c’est la quête de l’emplacement exact de ses propres limites, où je finis, où le reste du monde commence."

"L’idéal, quand il devient un critère rigide plutôt qu’une direction générale, sert à condamner plus qu’à élever."

"Ne remercier pas les gens de faire ce qu’ils sont censés faire."

"La solidité maximale d’une chaîne est celle de son maillon le plus faible."

"Nous devrions fêter notre échec présent, car il indique clairement que notre voyage de découverte n’est pas encore fini."

"Comment espérer accomplir quelque chose de différent si, toujours, nous épousons la forme exacte de ce qui est déjà là?"

"[...] la vérité ne signifiait rien si elle n’était pas partagée : il était vain de passer sa vie à la hurler aux quatre vents si personne n’était là pour l’écouter."

"On ne peut renoncer qu’à ce qu’on possède déjà. En ce sens, seuls les riches ont vraiment les moyens d’être pauvres."

"La vie est l’interminable préparation à ce [à quoi] on ne peut se préparer."

"Il ne faut pas craindre les insectes, les couleuvres, les mulots, il faut aimer tout ce qui vit et palpite à l’intérieur des choses."

"Ce que l’on quitte ne nous quitte pas. "

"Nous squattons le monde bien plus que nous ne l’habitons."

"Victor Hugo a écrit plus de mille alexandrins, soit plus de quatre mille verges de poésie."

"Une fois qu’on a commencé à vivre, ça n’en finit plus."

"Mais l’amour était fragile comme un verre de cristal. On pouvait l’admirer, s’y mirer, y boire, on pouvait s’y perdre. On pouvait aussi s’y casser en mille miettes."

"Quel lecteur qui se respecte n’a jamais cru atteindre, entre les pages d’un livre, le cœur caché des choses, battant la chamade au revers des apparences?"

"Il faut bien que les hommes aient un peu corrompu la nature, car ils ne sont point nés loups, et ils sont devenus loups."

"Nul ne peut contempler les sommets sans regarder les gouffres qui leur correspondent."

"La haine de l’étranger arme toujours quelques intrépides prêts à mourir pour une idée."

"Petit à petit, la forêt que je parcours devient mienne, non parce que je la possède, mais parce que je finis par la connaître."

"Je ne suis plus l’enfant que j’étais, je ne suis pas l’homme que je croyais devenir, mais je leur ressemble."

"Les journaux servent à maintenir la cohésion sociale en nous répétant tous les jours qu’il y a un coupable et que ce n’est pas le lecteur."

"On ne se donne pas deux fois avec ce qu’il y a de plus tendre et de plus profond dans son âme, ou plutôt quand on s’est donné ainsi, on ne se reprend plus jamais."

"Le corps d’une jeune fille est le lieu le plus dangereux du monde, car c’est là que la violence risque le plus de s’exercer."

"Il faut rêver aujourd’hui pour savoir ce qu’on fera demain."

"[...] il y a peut-être un équilibre véritable à trouver entre la sincérité et le spectacle, entre le rêve de la révolution et le mythe du confort."

"On désire quelque chose d’éternel et ce désir même ne dure pas."

"Celui qui veut continuellement s’élever doit s’attendre à avoir un jour le vertige."

"On n’ouvre pas les yeux sans tuer quelque mystère."

"Que peut bien valoir une couronne, quand un corbeau peut dîner d’un roi?"

"Aimer, ma fille, c’est pas tant d’attendre quoi que ce soit de l’autre que de consentir à lui donner ce qu’on a de meilleur."

"Qui cherche l’infini n’a qu’à fermer les yeux!"

"Tant qu’à être au monde, autant le marquer."

"Le confort est devenu notre préoccupation principale, le symbole de notre réussite. Mais dans le confort, rien de sublime ni de grand n’éclate impoliment et ne change le monde. [...] Rien de tout ce qui pourrait changer le cours de nos vies, troubler nos habitudes sédentaires, bouleverser la couleur de notre âme et nous convaincre que tout vaut la peine d’être sauvé n’a lieu dans nos salons."

"On a l’âge des pensées qu’on a avant de s’endormir."

"En tant qu’hommes, nous sommes doublement chanceux : nous disposons non seulement du privilège de l’existence, mais aussi de cette capacité singulière à l’apprécier et même à la rendre meilleure."

"Il y a toujours quelque chose pour occuper un esprit curieux."

"Un enfant brillant né dans des conditions horribles, voilà ce qui marque la naissance d’un prophète."

"Soyez ce que vous voudriez avoir l’air d’être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu’il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n’étiez avant d’être devenue ce que vous êtes."

"[...] ce que les autres ont de plus précieux à nous offrir, c’est le temps, auquel la mort donne sa valeur."

"L’absence de livres me cause maintenant la même douleur que celle d’un membre fantôme."

"Ce qui ne risque pas à tout moment d’être mis à mal, broyé, déchiré, n’est peut-être pas vraiment vivant."

"La mer, par exemple, rejette toujours les mêmes choses sur le rivage, mais avec des variantes. Si elle t’apporte un bout de bois, ça ne signifie pas que la fois d’avant, ce n’était pas un coquillage. C’est pour cette raison que le sage constitue un tas. Et à ce tas, il ajoute également ce que les autres ont déjà rassemblé avant lui, mais aussi les récits qui parlent de ce qui bien avant était venu s’échouer sur le rivage. Ainsi, il saura ce qu’apporte réellement la mer."

"Plus un homme s’élève haut, plus vertigineuse est sa chute."

"Les choses auxquelles on pense trop deviennent fausses. Leur réalité est cachée derrière l’idée qu’on s’en est faite."

"L’homme qui tombe, rien ne lui permet de sentir qu’il touche le fond. Il tombe et il ne cesse pas de tomber. C’est ce qui arrive aux hommes qui, à un moment ou à un autre durant leur vie, étaient à la recherche de quelque chose que leur environnement ne pouvait pas leur procurer."

"Jusque dans les geôles d'un dictateur, même sans crayon, sans papier, il y aura toujours une main pour graver des pensées au mur, un quignon de pain, un morceau de savon.

Et jusque dans les lieux les plus nus, les plus ingrats, je serai là en germe, prêt à croître et à m'épanouir, prêt à répandre mes graines dans les imaginations."

"Le principal champ de bataille pour le bien n’est pas la grande arène du débat public, mais plutôt la petite clairière de chaque cœur."

"Parfois, un livre peut devenir une lampe, qui éclaire les questions que tu te poses…"

"La vie est une longue chute, [...]. Le plus important est de savoir tomber."

"Jusqu’au jour où je craignis que cela me fût enlevé, je ne m’étais jamais rendu compte que j’aimais lire. Pense-t-on que l’on aime respirer?"

"Le propre des grands livres est que chaque lecteur en est l’auteur."

"Désormais, Harold ne pouvait plus croiser un inconnu sans reconnaître que tous étaient pareils et que chacun était unique ; et que c’était cela le dilemme de la condition humaine."

"D’après elle, quand bien même on ne comptait pas jusqu’à cent, rien que d’une frappe, ça n’empêchait pas d’être content. La bouche trop menue pour mâcher des mots de génie, elle portait un cœur assez grand pour manger des beurrées de ciel sur son pain à chaque matin. Ça lui suffisait."

"On peut s’aimer d’un seul regard. D’ailleurs, on ne s’aime jamais si bien que quand on se connaît fort mal."

"Choisir le doute comme philosophie de vie, c’est comme choisir l’immobilité comme mode de transport."

"Avant de connaître le goût des fraises au sucre, on n’en demande pas tous les jours."

"Qui se hâte sa vie durant hâte simplement sa mort."

"Regarder de grands danseurs provoque le même émoi que regarder une bûche enflammée : le feu danse, le danseur brûle."

"Plutôt que de jouer le jeu des partis politiques qui les sollicitent et leur font miroiter la possibilité de changer les choses de l’intérieur, plutôt que de se disperser dans 1 000 « causes » qui ne sont, en fait, que des conséquences de l’absence de démocratie. Les jeunes et les moins jeunes doivent s’atteler dès maintenant à construire une alternative à deux siècles d’usurpation démocratique."

"Il comprit tout à coup le caractère fastidieux de la vie où tout sentier représente l’imprévu et dont une part importante se passe à surveiller ses pas."

"Il y a trois choses que l’on peut contempler continuellement sans jamais sans lasser. L’une de ces choses, c’est l’eau. L’autre, c’est le feu. Et la troisième, c’est le malheur des autres."

"Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons."

"Soit dit en passant, nous avons tous fait l’expérience des perturbations dues à la radiation cosmique fossile. Allumez votre télévision sur n’importe quel canal qui ne capte pas de chaîne : environ 1 % de la neige que vous voyez danser sur l’écran est dû à ce reliquat du big bang. La prochaine fois que vous vous plaindrez qu’il n’y a rien à la télé, rappelez-vous que vous pouvez toujours regarder la naissance de l’Univers."

"Les vieilles histoires sont comme de vieux amis, [...]. Il faut leur rendre visite de temps à autre."

"Si un oignon est à demi noir de pourriture, c’est un oignon pourri. On est un homme de bien ou un scélérat."

"Le biscuit chinois n’est pas une denrée alimentaire, mais une unité de stockage d’information."

"Je n’ai qu’un visage et je n’ai pas fait ce visage, mais j’ai le choix entre trente grimaces."

"Car combien vaut un vol d’outardes ? La beauté est gratuite."

"Les gens d’ici les regardent voler, et dans leur vol lisent le futur. [...] Quand j’étais un jeune garçon, mon père m’emmena dans un endroit comme celui-ci, il me mit son arc entre les mains et m’ordonna de tirer sur un de ces oiseaux. Je tirai, et un grand oiseau, aux ailes bleues, tomba à terre, comme une pierre morte. Lis le vol de ta flèche, si tu veux savoir ton futur, me dit alors mon père."

"L’esprit a autant besoin de livres qu’une épée de pierre à aiguiser pour conserver son tranchant."

"Rien ne rend plus humble que d’arriver dans un endroit merveilleux et inconnu."

"C’est comme les gens qui s’imaginent qu’ils seront plus heureux en allant vivre ailleurs, mais qui apprennent que ça ne marche pas comme ça. Où que l’on aille, on s’emmène avec soi."

"Les sociétés qui condamnent l’opium devraient aussi, si elles étaient logiques, condamner l’orgasme, les religions et autres voyages vers le haut. Je crois que si les êtres humains s’habituaient à vivre sans rêves, sans leurres, sans faux-fuyants, se décidaient à prendre leurs angoisses à bras-le-corps, ils finiraient par produire des individus capables de les guérir."

"Que vous avez de grandes dents!

Elle vit ses mâchoires commencer à saliver, la pièce était pleine de la clameur du chant de mort de la forêt. Mais l'enfant sagace ne flancha pas un instant, même lorsqu'il répondit :

C'est pour mieux te manger.

La fille éclata de rire; elle se savait la viande de personne."

"[...] même si l’on peut avoir du chagrin sans aventures, l’on ne peut avoir d’aventures sans chagrin."

"Je suis irrésistiblement attiré par la bibliothèque dès que je mets le pied dans une nouvelle maison, et j’éprouve une joie sans mélange chaque fois qu’aucune règle de bienséance ne m’interdit d’y fureter à mon aise."

"Une de mes relations nigérianes m'a demandé une fois si je ne craignais pas d'intimider les hommes.

Je ne le craignais pas – ça ne m'était même jamais passé par la tête, étant donnée qu'un homme que j'intimiderais serait précisément le genre d'homme qui ne m'intéresserait pas."

"Personne au monde n’était aussi riche qu’eux, justement parce qu’ils ne possédaient rien et ne désiraient pas davantage."