La maison des feuilles
de Mark Z. Danielewski
Un roman mystérieux
cultissime...
Genre(s) : roman, essai, épouvante
Date de parution : 2000
Pages : 693
Quatrième de couverture :
En rentrant chez eux un soir, les Navidson – Will, Karen et leurs deux enfants qui viennent à peine d'emménager en Virginie – découvrent qu'une nouvelle pièce a surgi dans leur maison, comme si elle avait toujours été là. Simple inattention? Canular élaboré?
Mètres, plans et appareils de mesure sont réquisitionnés, et soudain, l'explication la plus étrange devient la plus évidente : le foyer des Navidson est plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Très vite, d'autres changements surviennent : un mur se décale, une nouvelle porte apparaît dans le salon, et derrière elle un couloir étroit et obscur. Photoreporter de renom et aventurier intrépide, Will s'y risque un soir mais, manquant de se perdre dans ce qui s'avère être un dédale immense, décide de mettre sur pied une équipe d'explorateurs chevronnés afin d'étudier ce passage qui paraît sans fin et qui, très vite, se révèle l'être pour de bon.
Plongée cinématographique dans le labyrinthe d'une maison impossible, ce roman tout en méandres pourrait bien cacher en son sein un minotaure... car au cœur d'une obscurité abyssale et toujours croissante, de temps à autre résonne un grondement impie et menaçant qui semble vouloir déchirer les murs et dévorer les rêves.
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Qualifiée de roman culte instantané, La maison des feuilles a d'abord été publiée en ligne sous forme de feuilleton et a généré son lot de discussions enflammées sur des forums littéraires plus ou moins obscurs. Malgré une certaine notoriété, le livre est demeuré assez mystérieux. Je savais donc qu'il était très particulier, mais je ne savais pas du tout à quoi m'attendre...
Premièrement, il faut dire que ce n'est pas une lecture facile. C'est un roman à concept, et le concept prend beaucoup de place, jusqu'à prendre le dessus sur l'histoire – ou plutôt LES histoires, car les niveaux diégétiques prolifèrent! La majeure partie du roman prend la forme d'un essai décrivant et analysant un film documentaire, le Navidson Record, dont on ne sait pas trop s'il est véridique ou s'il s'agit plutôt d'une fiction présentée comme vraie, à la Blair Witch Project. Le manuscrit, rédigé par un vieil ermite, trouvé par un jeune junky au passé trouble puis revu par un éditeur, est annoté par tout ce bon monde. L'histoire principale, celle de Navidson, nous est donc racontée à travers plusieurs filtres successifs. Les polices de caractère, les notes de bas de page et les renvois aux différentes annexes se multiplient, et le lecteur est constamment redirigé vers d'autres paragraphes, d'autres pages, d'autres chapitres. Impossible de ne pas perdre le fil de sa lecture, au point où ça en devient parfois frustrant! C'est vraiment méta et surchargé, et je peux comprendre que ce soit carrément indigeste pour certains lecteurs.
Mais qu'est-ce que ça raconte, au juste? L'histoire de la famille Navidson, chez qui se passent des choses étranges : des portes apparaissent, des couloirs s'allongent... et un immense labyrinthe finit par apparaître au milieu de la maison. Un endroit noir, vide, froid et terrifiant, qui n'arrête pas de changer et qui fait perdre la raison à ceux qui s'y aventure trop longtemps. Et c'est ici que notre cerveau explose, quand on réalise en jubilant l'ampleur de la mise en abymes : le livre qu'on a entre les mains est lui aussi un labyrinthe!
J'ai adoré les thèmes abordés et la façon dont la forme ingénieuse leur répond : les frontières entre le réel et la fiction s'estompent, tant pour les personnages du livre que pour le lecteur, tandis que le motif du labyrinthe fait tourner ce dernier en rond jusqu'à ce que l'histoire n'ait plus aucun sens. Il devient alors tentant d'essayer d'analyser les différents éléments du roman, de leur trouver un sens métaphorique – et les interprétations possibles sont nombreuses et sujet à débat!
Toute la partie mystère, épouvante et horreur est vraiment réussie. L'histoire est intrigante, l'ambiance est creepy et le suspense fonctionne, malgré les tentatives d'auto-sabotage de la narration constamment interrompue par des notes bibliographiques soporifiques! Les références à la mythologie ainsi que les réflexions essayistiques sur la psychologie ou le cinéma sont aussi intéressantes. La mise en page est originale et les thèmes sont vraiment bien exploités – peut-être même trop! Le travail réalisé par l'auteur est vraiment impressionnant. Cependant, on ne peut pas dire que c'est un livre agréable à lire. C'est lourd, complexe et... labyrinthique! Je dois dire que j'ai mis beaucoup de temps à retrouver la sortie!
Si vous ne craignez pas de vous perdre dans ses sombres méandres, c'est un livre qui vaut le détour – ou plutôt ses très nombreux détours! –, ne serait-ce que pour son originalité et son ingéniosité.
Les hauts : Une forme ingénieuse, un concept recherché et inédit, des thèmes intéressants...
Les bas : Une complexité qui peut être rebutante, des personnages peu attachants...
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