Pauvres créatures
d'Alasdair Gray
Une réécriture féministe
de Frankenstein...
Genre(s) : roman, historique, science fiction
Date de parution : 1992
Pages : 282
Quatrième de couverture :
Lorsque Godwin Baxter découvre à la morgue de Glasgow le corps d'une jeune femme suicidée enceinte de près de neuf mois, il est pris d'un furieux désir de la rendre à la vie en utilisant le cerveau du fœtus. Fils naturel du grand chirurgien Sir Colin, il va effectuer une greffe étonnante qui fera d'elle Bella Baxter, femme d'une vitalité exceptionnelle. Face à un monde victorien étriqué, que va-t-il advenir de cette créature sans préjugés et spontanée comme un petit enfant dans un corps de femme épanoui?
Dans un style baroque flamboyant, ce splendide pastiche du roman gothique anglais nous entraîne, avec un humour inénarrable, à travers un univers où tout devient possible, un endroit où fantasmes et fantaisies prennent le pas sur le réel. Le lecteur ressort émerveillé de cette aventure époustouflante.
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Croisement entre une réécriture de Frankenstein et une version féministe du mythe de Pygmalion, écrit à la façon d'un manuscrit trouvé, d'un roman épistolaire victorien et d'un conte picaresque, ce roman est lui-même une "créature" faite de pièces rapportées.
Un scientifique excentrique greffe le cerveau d'un nouveau-né dans la tête d'une femme morte dans l'espoir d'en faire sa compagne : une belle jeune femme qu'il pourra éduquer et façonner à sa convenance, que rêver de mieux? Le résultat n'est pas celui escompté, cependant, car sa créature ayant échappé aux conditionnements sociaux n'agit pas comme on l'attend d'une future épouse. Impétueuse, égoïste, aventureuse, désinhibée : les "pauvres créatures", ce sont finalement ces messieurs, complètement démunis devant une femme qui refuse de se plier aux usages.
La narration et la construction du récit sont très habiles. Il est question de condition féminine, de colonialisme, de capitalisme et de politique. C'est une satire de la société patriarchale et des relations homme-femme amusante, voire jubilatoire, et étonnamment d'actualité – même visionnaire, considérant que la parution originale du livre remonte au début des années 1990. J'ai hâte de visionner la récente adaptation cinématographique réalisée par Yorgos Lanthimos, qui a beaucoup fait jaser!
Les hauts : Des sujets pertinents traités de façon amusante et originale, de nombreuses références littéraires, une construction habile...
Les bas : Le dispositif du narrateur témoin convient parfaitement au pastiche du roman victorien, mais peut paraître un peu ennuyeux au lecteur moderne...
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