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J'ai lu : "Ténèbre"


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Ténèbre

de Paul Kawczak

Un roman métaphorique sur

la violence coloniale

Genre(s) : roman, historique, aventure, québécois

Date de parution : 2020

Pages : 305

Quatrième de couverture :

Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l'Afrique, quitte Léopoldville vers le nord. Avec l'autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l'Europe nomme alors progrès. À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l'accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l'art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l'avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d'abomination est la colonisation, et il sait qu'il aimera le géomètre d'amour. Ténèbre est l'histoire d'une mutilation.

Kawczak présente un incroyable roman d'aventure traversé d'érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique, qui du Nord de l'Europe au coeur de l'Afrique coule comme une larme de sang sur la face de l'Histoire.

oo

Voici une histoire qu'on peut aimer ou détester, ou peut-être même les deux à la fois, mais qui ne laissera certainement personne indifférent! C'est aussi un roman très riche, alors ça risque d'être difficile pour moi de faire court!

C'est d'abord un roman historique, dans lequel événements réels et fictifs se mélangent, qui raconte un voyage dans les terres sauvages de l'Afrique coloniale. Mais la prémisse à ce voyage, la tâche du géomètre chargé de partager le continent entre les différents pays colonisateurs, s'efface rapidement au profit d'une quête mystique, et sa mission se transforme rapidement en une espèce de long suicide épique!

Loin du récit de voyage, finalement, le roman constitue plutôt une critique métaphorique de la violence coloniale présentée non pas du point de vue des populations locales, mais plutôt de façon à exposer le caractère autodestructeur de la folie impérialiste de l'Europe blanche du 19e siècle. Personne n'est épargné : les idéalistes sont tués et les cyniques se tuent eux-mêmes!

Les personnages sont torturés, au sens propre comme au figuré! Une longue métaphore, développée tout au long du livre, associe l'idée de charcuter le continent africain à celle de découper les corps, et s'illustre par des descriptions oniriques, symboliques, poétiques et parfois très graphiques, teintées d'un érotisme plus que troublant.

À travers tout ça, des flashback nous transportent en Europe, aux côtés de personnages tels que Verlaine ou Baudelaire, qui nous rappellent toute la décadence de l'époque. Il est aussi question de folie, d'amour perdu et d'abandon paternel peut-être en analogie à un sentiment d'abandon divin qui, sans être nommé, semble habiter tout le roman.

C'est vraiment très bien écrit et agréable à lire; du point de vue du style, j'entends, parce que l'histoire, elle, est assez glauque! Le sujet est intéressant et la façon dont il est traité est originale, mais par moment, j'ai trouvé un peu difficile d'adhérer à l'histoire. Bref, c'est un roman truculent, carrément génial à bien des égards, mais je ne peux pas vraiment affirmer en avoir trouvé la lecture "plaisante"!

 

Les hauts : Un sujet fort et un traitement étonnant, une langue riche et des images saisissantes...

Les bas : Des thèmes dérangeants et une lourdeur qui pourraient rebuter certains lecteurs...


 

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