Le drap blanc
de Céline Huyghebaert
Une partie du travail de recherche
de l'artiste sur son père
Genre(s) : documentaire, biographique, roman
Date de parution : 2019
Pages : 325
Quatrième de couverture :
Quand mon père est mort, je n'ai pas hérité de boîtes pleines de documents et de lettres. Ses cendres ont été jetées à l'eau. Ses biens ont été donnés, détruits à la hâte. Sur les photos, il avait cette allure virile et négligée caractéristique des années soixante-dix. Il ne pouvait pas se mettre à table sans son couteau de poche et du pain. Il disait «il» à ceux qu'il aurait dû vouvoyer, parce qu'il refusait de se soumettre à leur supériorité de classe. Il était drôle et colérique. Il était sensible. Il fumait, il buvait; il n'a pas laissé grand-chose derrière lui. Je crois qu'il avait commencé à disparaître de son vivant déjà. Quand on a soulevé son corps, j'ai vu la légère empreinte qui creusait le drap, là où était posé son crâne. Puis elle s'est effacée, et le drap est redevenu lisse. C’est cette disparition qui a déclenché l’écriture de ce livre, cette absence que laissent les morts, avec laquelle ceux qui leur survivent tissent des fictions pour s’en sortir.
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Céline Huyghebaert est d'abord une artiste, dont le travail tourne autour des thèmes de l'absence, de la disparition et des traces subsistantes. Obsédée par le décès de son père, qui n'a rien laissé derrière lui, et le fait de ne pas l'avoir suffisamment connu, elle s'est lancée dans un immense travail de recherche en interrogeant son entourage, en collectant des photos, etc. Elle a créé plusieurs expositions à partir du matériel amassé.
Le livre présente une partie de ce projet colossal. Il contient entre autres la transcription de conversations enregistrées qu'elle a eu avec des membres de sa famille, une analyse graphologique de la signature de son père, le récit des rêves qu'elle a fait à son sujet et des réflexions sur leur relation, son enfance et son deuil.
C'est un travail de collecte d'informations, d'analyse et d'introspection vraiment impressionnant, rigoureux et intelligent, et courageux également. J'ai trouvé la démarche admirable et inspirante. L'histoire racontée est touchante, mais jamais larmoyante. C'est un documentaire biographique aussi passionnant qu'un récit ou qu'un roman. Je suis passée à travers les 400 pages en deux jours.
Les hauts : Un sujet universel et touchant, une démarche rigoureuse et impressionnante...
Les bas : Une histoire et des émotions qui sont très intellectualisées...
5 raisons de le lire :
1. Pour réfléchir à de grandes questions sans même vous en rendre compte
2. Parce que la famille, l'enfance, l'héritage et la construction identitaire
sont des sujets qui touchent tout le monde
3. Pour découvrir le travail d'une artiste brillante
4. Pour faire face à la réalité et aborder le deuil sans détour
5. Parce qu'on est tous, un jour ou l'autre, confronté à la perte d'un parent
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