Virgin suicides
de Jeffrey Eugenides
Le récit mélancolique
de cinq morts tragiques...
Genre(s) : roman
Date de parution : 1993
Pages : 254
Quatrième de couverture :
Jeunes, belles et fragiles, les cinq filles Lisbon se suicident en l'espace d'une année. Difficile de comprendre ce qui se passe derrière les murs de la villa familiale : un quotidien étouffant, une mère plus sévère que les autres, une folie contagieuse... Des garçons du quartier, effrayés et fascinés, observent les filles s'effondrer une à une. Devenus adultes, ils s'interrogent encore.
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C'est un livre qui se passe de résumé : pratiquement tout le monde a déjà vu le film de Sofia Coppola ou du moins en a entendu parler. Sinon, le titre parle de lui-même. Ça faisait longtemps qu'il m'intriguait, même après avoir vu le film plusieurs fois – et peut-être même pour cette raison. Difficile, aussi, de ne pas les comparer...
Ce qui a d'abord retenu mon attention, c'est la narration, vraiment particulière. Comme dans le film, l'histoire nous est racontée à partir du point de vue d'un groupe de garçons vaguement amoureux des filles Lisbon. L'effet de distanciation est encore plus palpable à l'écrit qu'à l'écran : la vie des adolescentes est observée de loin, et elles demeurent irrévocablement mystérieuses, insaisissables. Les deux mondes, celui des filles et celui des garçons, semblent irréconciliables. On comprend mieux, aussi, dans le roman, l'attitude des jeunes garçons, idéalisant et objectifiant les filles, qui ne sont pas aimées pour qui elles sont – elles se distinguent à peine les unes des autres –, mais précisément parce que leur indétermination permet aux garçons de projeter sur elles ce qu'ils veulent. Les soeurs Lisbon sont l'incarnation floue de leurs fantasmes romantiques enfantins et de leurs désirs naissants et, même s'ils essaient sincèrement de les sauver, c'est davantage pour se poser en héros de leur propre histoire et se faire aimer d'elles que pour les aider. Ils ne sont pas méchants ni insensibles : ce sont simplement des enfants.
On sent bien la fascination que les filles exercent sur eux, car elles exercent la même sur nous. L'ambiance mélancolique est vraiment réussie, et même si on sait d'emblée comment l'histoire se termine, l'écriture nous retient captifs. On y trouve aussi une nostalgie des années 70 et une critique de la société américaine, qui sont peut-être moins présentes dans l'adaptation filmique. C'est une histoire singulière, troublante, triste et magnifique. Un excellent livre, qu'il vaut la peine de lire même si on en connaît déjà l'issue.
Les hauts : Une voix narrative captivante, une sensibilité particulière...
Les bas : Des personnages évanescents, un rythme lent...
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